À moins d’avancées significatives en négociation au cours des prochains jours, les travailleuses et les travailleurs sylvicoles de sept entreprises de l’est du Québec déclencheront prochainement une grève perlée pouvant évoluer jusqu’à la grève générale illimitée. Des actions musclées et des coups d’éclat sont également prévus au plan de mobilisation adopté par les délégué-es du Syndicat national de la sylviculture (SNS–CSN), réunis en conseil syndical spécial les 8 et 9 mai.
Rappelons que les syndicats des sept entreprises suivantes mènent des négociations coordonnées pour le renouvellement de leur convention collective. Ceux-ci seront visés par le mouvement de grève :
- SER des Monts;
- SER de la Vallée;
- SER de la Neigette;
- Groupement forestier du Témiscouata;
- Groupement forestier de Kamouraska;
- Les entreprises agricoles et forestières de Percé;
- Groupement Forestier Coopératif de la Péninsule.
Plusieurs rencontres de négociation ont eu lieu à chacune de ces tables de négociation depuis novembre 2017. Peu de progrès ont été réalisés sur les principales revendications syndicales. Au contraire, certains employeurs voudraient faire reculer les conditions de travail alors que l’industrie ne s’est jamais aussi bien portée! À quelques semaines de l’ouverture des opérations sylvicoles pour l’année 2018, le SNS–CSN souhaite mettre davantage de pression sur les employeurs afin qu’ils s’engagent sérieusement dans les négociations pour conclure des ententes satisfaisantes. Le SNS–CSN recherche des contrats de travail de trois ans, comportant une augmentation de la rémunération globale totalisant 12 % sur la période ainsi que le maintien de la rémunération lorsque les salarié-es exercent leur droit de refuser de travailler dans des conditions dangereuses pour leur santé et leur sécurité.
« Nos employeurs ont eu plusieurs mois pour répondre à nos demandes et pour engager sérieusement les négociations, explique le président du SNS–CSN, René Martel. Ils ont peut-être cru nous avoir à l’usure, et pensé que nous n’oserions pas exercer notre rapport de force. Nous leur disons aujourd’hui que nous entendons bel et bien avoir recours à nos mandats de grève si nous ne constatons pas de progrès significatifs, et ce, dès les prochaines rencontres de négociation. Cette fois, les travailleurs sylvicoles sont déterminés à toucher la part de la richesse qu’ils ont générée par leur travail. Les employeurs doivent partager avec nous une partie de leurs profits et nous n’en démordrons pas ».
Grève historique
S’il doit y avoir grève dans le secteur, ce sera une première historique. Au cours des dernières décennies, les sylvicultrices et les sylviculteurs ont vu leurs entreprises croître et diversifier grandement leurs activités, en exploitant la forêt qu’ils ont entretenue tout ce temps. Aujourd’hui, ces entreprises se trouvent en bonne santé financière. Lors des périodes plus creuses, les travailleuses et les travailleurs ont accepté de faire des compromis pour assurer la pérennité des entreprises; ils considèrent aujourd’hui qu’ils ont droit au retour du balancier.
« S’il y a une grève en sylviculture, les employeurs n’auront qu’eux-mêmes à blâmer, poursuit la présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent (CCBSL–CSN), Nancy Legendre. Les demandes des travailleuses et des travailleurs sont très raisonnables. En 2018, réclamer des salaires décents et des protections contre les risques d’accident de travail n’a rien d’extravagant. Le syndicat a fait ses devoirs en commandant une étude indépendante de la situation financière réelle des entreprises démontrant hors de tout doute qu’elles sont capables de répondre favorablement à nos demandes ».
« Le travail sylvicole est précieux pour tout le Québec, rappelle le trésorier de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN), Michel Tétreault. Toute notre économie bénéficie de forêts en bonne santé. Or, on le sait, c’est un travail difficile, physiquement et mentalement en plus d’être un emploi saisonnier, entraînant une grande précarité pour les travailleurs. Les employeurs ont déjà de la difficulté à recruter et à retenir leur main-d’œuvre alors que les besoins sont en forte croissance. La seule façon d’assurer la pérennité de l’industrie, c’est de relever significativement les salaires et d’améliorer les conditions de travail pour notamment assurer la santé et la sécurité des travailleurs ».