Les travailleuses et travailleurs au cœur des forêts de la région

Les travailleuses et travailleurs au cœur des forêts de la région

Lettre ouverte

Les questions entourant la protection du caribou forestier et du développement de l’industrie forestière régionale enflamment, polarisent et suscitent plusieurs interventions publiques. Nous en avons encore un exemple parfait depuis l’annonce de la « tournée caribou » du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs à la fin du mois de février dernier. Nous pouvons assister à des relances entre les groupes environnementaux d’un côté et les groupes patronaux, soutenus par une certaine franche syndicale affairiste, de l’autre. Les grand-es perdant-es, au centre de ce débat de sourds, sont bien entendu les travailleuses et travailleurs qui doivent vivre dans l’incertitude d’une industrie en transformation sans direction claire.

Pour l’avenir de l’industrie forestière et de notre région, nous devons nous élever au-dessus de la mêlée et revendiquer une sortie de crise durable et intelligente. Il ne sert à rien de se fermer les yeux sur certains enjeux environnementaux incontournables, tout comme il faut, impérativement, s’assurer que les travailleuses et travailleurs qui vivent actuellement de la forêt ne paient pas le prix de mauvaises décisions patronales ou gouvernementales. Les luttes environnementales entourant la question du caribou forestier ne doivent pas se conclure par des pertes d’emplois dans la région, tout comme la recherche de profits ne doit pas placer l’industrie forestière dans une position de non-retour environnemental qui ne bénéficierait à personne.

Une analyse réelle de la situation doit être faite rapidement, basée sur des faits scientifiques et prenant en compte des avis objectifs qui doivent alimenter la discussion au lieu des demi-vérités qui semblent prendre toute la place actuellement. Au travers des chiffres, des intérêts divergents et du spectacle médiatique, ce sont toujours les mêmes personnes qui prennent les coups venant de tous les côtés. De la plantation et l’aménagement, jusqu’à la transformation et en passant par la récolte, ce sont des personnes qui ont décidé de dédier leur carrière et une partie de leur vie à la forêt qui sont touchées, faudrait maintenant prendre en compte leurs expertises.

C’est cette position, qui place les travailleuses et travailleurs au centre de nos priorités, que la CSN proposera au Ministre. Nous devons trouver le point d’équilibre qui permettra d’assurer une récolte durable de nos forêts, d’assurer des emplois de qualité dans l’industrie forestière pour longtemps et d’inscrire le développement économique du Saguenay – Lac-Saint-Jean dans une dynamique de transition juste qui n’oubliera personne. Ce sont les attentes que les travailleuses et travailleurs que nous représentons ont envers leur organisation syndicale et c’est ce que nous mettrons de l’avant : une position réfléchie, durable et porteuse de solidarité.

 

Engelbert Cottenoir, président

Conseil central des syndicats nationaux du Saguenay – Lac-Saint-Jean CSN

 

Louis Bégin, président

Fédération de l’industrie manufacturière CSN

Condition des saisonniers : il y a urgence!

Condition des saisonniers : il y a urgence!

Une coalition réunissant des groupes de chômeurs, des syndicats CSN, des élus municipaux et des employeurs de l’industrie saisonnière de la Péninsule Acadienne, de Charlevoix, de la Côte-Nord ainsi que du Bas-St-Laurent, a tenu une conférence de presse le 4 décembre 2018 au Foyer de la Chambre des Communes du Parlement d’Ottawa, afin de rappeler la condition des travailleurs et travailleuses de l’industrie saisonnière et interpeler les pouvoirs politiques pour que des solutions réelles soient mises en marche. Les représentants et représentantes de cette coalition étaient entourés de nombreux parlementaires du NPD (Niki Ashton, Guy Caron et Brigitte Sansoucy), du Bloc québécois (Marilène Gill) et du Parti conservateur (Sylvie Boucher), venus soutenir les revendications des saisonniers.

Dans plusieurs régions du Québec et du Canada, des populations entières vivent et travaillent en fonction d’une économie saisonnière qui laisse de nombreuses personnes en situation de chômage.Ce sont des familles entières qui devront vivre très bientôt avec la réalité du « trou noir », c’est-à-dire se retrouver sans prestations de chômage, ni travail avant la reprise de la prochaine saison. Les difficultés sont réelles. Énormes. Et les dernières mesures du gouvernement, si elles ont représenté un pas dans la bonne direction en accordant 5 semaines de prestations supplémentaires aux saisonniers de 13 régions désignées au Canada, demeurent insuffisantes. Pour Line Sirois, d’Action-Chômage Côte-Nord, et Julie Brassard, du Mouvement Action-Chômage de Charlevoix, ainsi que Charles Breton, maire de Tadoussac, « il faut faire plus, il faut protéger nos régions, protéger l’industrie saisonnière, protéger notre monde ; l’hiver, il n’y a pas d’autres emplois disponibles ici, il faut s’assurer que les gens aient suffisamment de prestations de chômage jusqu’à la reprise de l’emploi. Ces 5 semaines de plus sont un bon début, mais ce sera insuffisant pour vraiment régler le problème. Des gens vont continuer à vivre le trou noir ».

Fernand Thibodeau, du Comité d’action sur l’assurance-emploi pour les travailleurs saisonniers du Nouveau-Brunswick, souligne la proposition mise de l’avant par la Coalition Québec-Nouveau-Brunswick : « Nous voulons que les régions qui vivent avec une économie saisonnière soient déclarées régions protégées et que les saisonniers de ces régions bénéficient de mesures d’exception :

  • avec un critère d’admissibilité fixé à 420 heures
  • une période de prestations suffisante pour éviter le trou noir, avec un plancher de 35 semaines, et un diviseur fixé à 12 ».

La Coalition présente à Ottawa en ce 4 décembre, revendique en effet un statut de « régions protégées » auprès du ministre responsable du programme d’assurance-emploi, l’Honorable Jean-Yves Duclos, ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social.

Pour Marilène Gill, députée de Manicouagan, « le Bloc Québécois a été de toutes les luttes avec les travailleurs saisonniers et nous lutterons jusqu’à ce qu’ils aient gain de cause. Nous exigeons une solution permanente et cela passe nécessairement par une révision de la Loi. Le concept de zones protégées fait partie de la solution. »

Pour Niki Ashton, députée NPD de Churchill-Keewatinook Aski, ainsi que Sylvie Boucher, députée de Beauport-Côte-de-Beaupré-Ile d’Orléans-Charlevoix, du Parti conservateur, « la condition précaire des saisonniers et de leurs familles, c’est l’affaire de tous. C’est un enjeu économique majeur pour nos régions, d’où l’urgence d’y apporter une solution porteuse et permanente. Nous soutenons cette proposition de régions protégées avec des critères visant le monde du travail saisonnier. »

Guillaume Tremblay et Nancy Legendre, respectivement président et présidente du Conseil Central CSN Côte-Nord et du Conseil Central CSN du Bas-Saint-Laurent, rappellent d’ailleurs que « les deux tiers des saisonniers vivent dans l’Est du Canada, parce que l’industrie saisonnière, pour l’essentiel, se trouve dans l’Est du Canada, et principalement dans un certain nombre de régions, comme la Péninsule Acadienne, la Côte-Nord, Charlevoix, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et d’autres ».

Depuis l’année dernière, nous assistons à une véritable mobilisation des saisonniers de toutes ces régions, affectés par des protections insuffisantes en matière d’assurance-emploi et par une réalité dramatique qui s’appelle le trou noir. Les saisonniers sont fiers de leur emploi, fiers de leur appartenance régionale, mais se sentent abandonnés des pouvoirs politiques. Il faut de véritables solutions. On peut être certains qu’à un an des prochaines élections fédérales, la mobilisation va aller en augmentant!

SURTAXES SUR LE PAPIER GLACÉ  – La FIM salue la décision de l’OMC en faveur du Canada

SURTAXES SUR LE PAPIER GLACÉ – La FIM salue la décision de l’OMC en faveur du Canada

À l’issue d’une décision rendue hier par l’organisation mondiale du commerce (OMC) en faveur du Canada, qui avait déposé une plainte en 2016 pour dénoncer les droits compensatoires sur le papier surcalandré imposés par le département du Commerce américain, la Fédération de l’industrie manufacturière de la CSN (FIM–CSN), qui représente notamment des travailleuses et des travailleurs de l’industrie forestière, est très satisfaite de cette annonce.

Le président de la FIM–CSN, Louis Bégin, estime qu’« il s’agit d’une décision majeure qui vient confirmer et appuyer la position et les arguments que la fédération défend depuis le début du conflit. Ces droits compensatoires ne tenaient pas la route et ont fait des dommages importants. Les répercussions sur les travailleurs se font d’ailleurs lourdement sentir et les pertes d’emplois causées par les crises successives que nous traversons depuis plusieurs années sont catastrophiques. »

Un réinvestissement souhaité
« La décision rendue par l’OMC accorde un répit inespéré à Produits forestiers Résolu (PFR). Rappelons-nous que l’employeur avait affirmé avoir réservé d’importantes sommes pour préparer sa défense et livrer la bataille, qui s’annonçait interminable. À partir de maintenant, PFR pourra récupérer les taxes payées sur les exportations américaines et utiliser les liquidités générées pour réaliser les investissements que nous réclamons », affirme Louis Bégin.

Rappelons que les États-Unis ont imposé ces droits en 2015, qui comprenaient entre autres un droit de 17,87 % imposé à PFR. Les Américains prétendaient alors que les producteurs canadiens recevaient des subventions injustes, notamment de l’électricité bon marché fournie par le gouvernement.

En 2014, on évaluait à 959 millions de dollars les exportations canadiennes de papier surcalandré vers les États-Unis.

SOPFEU – Une négo regroupée réussie

SOPFEU – Une négo regroupée réussie

Difficile de saisir toute l’ampleur du travail des quelque 140 travailleuses et travailleurs de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) membres de la CSN. Le territoire couvert s’étend de Baie-Comeau à Havre-Saint-Pierre sur la Côte-Nord, de Saint-Jean-Port-Joli à Gaspé sur la rive sud du fleuve et de Kipawa à Caniapiscau pour l’Abitibi-Témiscamingue et une grande partie du nord. Au total, c’est un peu plus de 500 millions de km2, soit près du tiers de la superficie totale du Québec que ces hommes et ces femmes protègent chaque été. Comme le tiers de la superficie du Québec est trop au nord pour avoir de réelles forêts à protéger du feu, c’est donc dire que les équipes des trois régions forment la principale force de frappe contre les incendies de forêt ayant lieu sur la moitié du territoire.

Ces braves viennent tout juste de terminer leur première négociation de convention collective en regroupement. Ce n’était pas la première fois qu’ils négociaient, mais les équipes des trois régions ont, malgré toutes les similitudes dans leur travail, trois conventions collectives distinctes. Jérémie Prud’homme, pompier forestier en Abitibi-Témiscamingue le place bien : « On fait le même travail ». Dès lors, il semblait normal de faire certaines demandes de façon concertée. « On s’est entendus sur douze points à négocier ensemble […], c’est sûr que l’unification de certains points, ça nous a aidés [ndlr] ». Nicolas Boulay, pompier forestier sur la Côte-Nord est du même avis. La négociation regroupée, c’était vraiment une bonne chose, […] ça nous a mis en contact avec les réalités des autres bases. On a ciblé ce qui était important pour chaque base et on a mis l’accent là-dessus. » David Maguire, pompier forestier sur la Rive-Sud en arrive à la même conclusion : « Ç’a permis d’avoir un rapport de force intéressant et d’atteindre nos objectifs. »

À voir les résultats des assemblées s’étant terminées le 30 avril 2018, les membres parta­gent largement cet avis. La négociation qui s’est conclue en quelques mois seulement a permis de faire plusieurs grandes avancées.4

NÉGOCIATIONS Ententes de principe en sylviculture

NÉGOCIATIONS Ententes de principe en sylviculture

Des ententes de principe sont intervenues au cours des derniers jours pour quatre unités syndicales du Syndicat national de la sylviculture (SNS–CSN). Il s’agit de la SER des Monts, de la SER de la Vallée, de la SER de la Neigette et du Groupement forestier Kamouraska. Les sylviculteurs de ces quatre entreprises se réuniront en assemblée générale au cours des prochains jours afin de se prononcer sur ces ententes. Les détails des ententes ne seront pas rendus publics avant la tenue de ces consultations.

Par ailleurs, les négociations se poursuivent pour :

  • Groupement forestier du Témiscouata;
  • Les entreprises agricoles et forestières de Percé;
  • Groupement Forestier Coopératif de la Péninsule.

Rappelons que les membres du SNS–CSN ont récemment voté en faveur du recours à la grève si nécessaire.

Grève imminente en sylviculture

Grève imminente en sylviculture

À moins d’avancées significatives en négociation au cours des prochains jours, les travailleuses et les travailleurs sylvicoles de sept entreprises de l’est du Québec déclencheront prochainement une grève perlée pouvant évoluer jusqu’à la grève générale illimitée. Des actions musclées et des coups d’éclat sont également prévus au plan de mobilisation adopté par les délégué-es du Syndicat national de la sylviculture (SNS–CSN), réunis en conseil syndical spécial les 8 et 9 mai.

Rappelons que les syndicats des sept entreprises suivantes mènent des négociations coordonnées pour le renouvellement de leur convention collective. Ceux-ci seront visés par le mouvement de grève :

  • SER des Monts;
  • SER de la Vallée;
  • SER de la Neigette;
  • Groupement forestier du Témiscouata;
  • Groupement forestier de Kamouraska;
  • Les entreprises agricoles et forestières de Percé;
  • Groupement Forestier Coopératif de la Péninsule.

Plusieurs rencontres de négociation ont eu lieu à chacune de ces tables de négociation depuis novembre 2017. Peu de progrès ont été réalisés sur les principales revendications syndicales. Au contraire, certains employeurs voudraient faire reculer les conditions de travail alors que l’industrie ne s’est jamais aussi bien portée! À quelques semaines de l’ouverture des opérations sylvicoles pour l’année 2018, le SNS–CSN souhaite mettre davantage de pression sur les employeurs afin qu’ils s’engagent sérieusement dans les négociations pour conclure des ententes satisfaisantes. Le SNS–CSN recherche des contrats de travail de trois ans, comportant une augmentation de la rémunération globale totalisant 12 % sur la période ainsi que le maintien de la rémunération lorsque les salarié-es exercent leur droit de refuser de travailler dans des conditions dangereuses pour leur santé et leur sécurité.

« Nos employeurs ont eu plusieurs mois pour répondre à nos demandes et pour engager sérieusement les négociations, explique le président du SNS–CSN, René Martel. Ils ont peut-être cru nous avoir à l’usure, et pensé que nous n’oserions pas exercer notre rapport de force. Nous leur disons aujourd’hui que nous entendons bel et bien avoir recours à nos mandats de grève si nous ne constatons pas de progrès significatifs, et ce, dès les prochaines rencontres de négociation. Cette fois, les travailleurs sylvicoles sont déterminés à toucher la part de la richesse qu’ils ont générée par leur travail. Les employeurs doivent partager avec nous une partie de leurs profits et nous n’en démordrons pas ».

Grève historique

S’il doit y avoir grève dans le secteur, ce sera une première historique. Au cours des dernières décennies, les sylvicultrices et les sylviculteurs ont vu leurs entreprises croître et diversifier grandement leurs activités, en exploitant la forêt qu’ils ont entretenue tout ce temps. Aujourd’hui, ces entreprises se trouvent en bonne santé financière. Lors des périodes plus creuses, les travailleuses et les travailleurs ont accepté de faire des compromis pour assurer la pérennité des entreprises; ils considèrent aujourd’hui qu’ils ont droit au retour du balancier.

« S’il y a une grève en sylviculture, les employeurs n’auront qu’eux-mêmes à blâmer, poursuit la présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent (CCBSL–CSN), Nancy Legendre. Les demandes des travailleuses et des travailleurs sont très raisonnables. En 2018, réclamer des salaires décents et des protections contre les risques d’accident de travail n’a rien d’extravagant. Le syndicat a fait ses devoirs en commandant une étude indépendante de la situation financière réelle des entreprises démontrant hors de tout doute qu’elles sont capables de répondre favorablement à nos demandes ».

« Le travail sylvicole est précieux pour tout le Québec, rappelle le trésorier de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM–CSN), Michel Tétreault. Toute notre économie bénéficie de forêts en bonne santé. Or, on le sait, c’est un travail difficile, physiquement et mentalement en plus d’être un emploi saisonnier, entraînant une grande précarité pour les travailleurs. Les employeurs ont déjà de la difficulté à recruter et à retenir leur main-d’œuvre alors que les besoins sont en forte croissance. La seule façon d’assurer la pérennité de l’industrie, c’est de relever significativement les salaires et d’améliorer les conditions de travail pour notamment assurer la santé et la sécurité des travailleurs ».